Comme après l’automne et l’hiver, vient le printemps, et comme après la pluie vient le beau temps, c’est avec un certain optimisme que nous voulons aborder cette année 2021, même si l’expérience et le bon sens nous impose une certaine prudence, et toujours une certaine diversification. Avant d’aborder donc les raisons d’être plutôt optimiste, voyons quand même quels sont les principaux risques auxquels nous pouvons être confrontés.

Le risque sanitaire

S’il ne fait a priori pas grand doute que nous finirons par venir à bout de ce virus, la question du timing est elle plus délicate, notamment depuis l’apparition d’un certain nombre de variantes. Si les
vaccins développés semblent pour l’instant malgré tout fonctionner contre ces variantes, rien ne dit d’une nouvelle souche ne se développera pas dans quelques semaines ou quelques mois, et contre
laquelle les vaccins d’aujourd’hui ne pourront rien ! Une première raison donc de conserver une certaine prudence.

Le risque économique et social

Parmi les autres raisons d’être prudent vient bien sûr également la question de l’impact de la crise que nous traversons, impact économique bien sûr, mais également impact social. Et de ce point de
vue là, il est encore bien trop tôt pour en avoir une idée précise. Si l’impact économique est réel, il a malgré tout été fortement compensé par les différentes mesures de soutien et autres plans de relance. Et si certains annoncent un raz de marée de faillites et une forte augmentation du chômage dans les mois qui viennent, les choses ne sont toutefois pas si simples. Quelques échanges avec des experts comptables ces derniers jours s’avèrent en tout cas très instructifs, et la proportion des entreprises en difficulté est loin d’être aussi élevée qu’on pourrait le croire, et aussi élevée que ce que veulent nous faire croire les médias. Beaucoup d’entreprises s’adaptent et évoluent. Et un certain nombre de restaurants vont même réaliser des bénéfices plus élevés qu’en temps normal grâce notamment au clik & collect, dont les coûts sont moindres qu’un service en salle, tandis que cela permet des volumes parfois plus élevés que la capacité de la salle ne le permettait ! Le pire n’est donc pas certain, et s’il y aura forcément de la casse, ce qui compte est surtout de savoir qu’elle est la part de faillites que nous aurons en plus par rapport à une année normale. Et il n’est pas évident que la réalité soit si catastrophique.

Un parallèle pourrait être fait avec l’augmentation du taux de mortalité lors des phases de canicules. Si cette augmentation est réelle, on se rend compte qu’il y a au final un effet de lissage les moins qui suivent. Cela pourrait être la même chose avec la crise actuelle. Si une certaine vigilance reste donc de rigueur, il est, nous le pensons, encore trop tôt pour tirer des plans sur la comète. Il s’agit par contre d’être particulièrement vigilant sur les conséquences sociales, car cette crise a a priori creusé encore les inégalités, et une fois la crise sanitaire passée, il n’est pas impossible que nous assistions à un retour de la grogne sociale, gilets jaunes et autres soulèvements populaires. Attention donc à l’échéance électorale de 2022…

Le risque financier

Quand on parle risque financier, on pourrait être tenté de penser au problème de la dette. Or tant que les taux sont autour de 0 voire négatifs, et tant qu’il s’agit de dette émise par la BCE et par les banques centrales du monde entier, nous pensons qu’il s’agit d’un faux problème. Quoiqu’en dise certains plus en quête de sensationnalisme ou d’audimat, cette dette ne sera probablement pas remboursée, ou alors à des échéances très lointaines. Des augmentations d’impôts ou autres moyens de récupérer des fonds pour un remboursement n’aurait en tout cas qu’un effet contre-productif par rapport aux différentes mesures de soutien et autres plans de relance.

Bien sûr, le non- remboursement de cette dette n’est pas un discours qui peut être tenu officiellement par nos instances représentatives, mais tant que le coût de cette dette est à 0, voire négatif, la proroger ne pose aucun problème (on réemprunte pour rembourser le capital, et on repart pour plusieurs années), à tel point que certains évoquent une possible dette perpétuelle. Mais on pourrait même imaginer que cette dette soit bel et bien un jour annulée, puisqu’il s’agit d’une cause exceptionnelle, qu’elle a été émise par les banques centrales (qui peuvent donc facilement s’asseoir sur le remboursement, puisqu’il s’agit d’argent créé à partir de rien), et surtout qu’elle touche le monde entier (pas de problèmes de dévaluation d’une monnaie par rapport à une autre donc). Le risque financier que nous évoquons tient en fait plus du niveau atteint par une partie de la cote, et notamment les fameux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), auxquels on pourrait
ajouter des titres comme Tesla, les valeurs du luxe, et autres titres dits de croissance. Les niveaux de valorisation atteints par ces titres sont tels qu’on se croirait revenu en l’an 2000, à
l’époque de la bulle internet. A une différence près quand même, et une différence majeure : ces niveaux qu’on peut considérer comme des niveaux de bulle ne concernent qu’une partie seulement de
la cote. En face de cela, nous avons bon nombre de valeurs qui sont sur des niveaux de valorisation bien plus attractifs, et parfois même proches de plus bas depuis plusieurs années. Comment une telle divergence est-elle possible ? Les investisseurs auraient-ils perdu raison ? Nous ne rentrerons pas dans le détail des raisons qui ont pu conduire à de tels phénomènes. Toujours est-il qu’il existe un risque que cette bulle éclate. Mais même dans une telle hypothèse, les choses ne sont pas aussi simples. L’éclatement de cette bulle se répercutera-t-elle aussi sur les autres valeurs, pourtant déjà particulièrement peu valorisées ? Ou l’éclatement se concentrera-t-il sur ces quelques valeurs très surévaluées ? Et cela se traduira-t-il par une crise financière ou économique, ou finalement cela restera-t-il un non-évènement de ce point de vue là ?